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Jean Lezurc
2 novembre 2012

Premiers pas à Dalian

Moi, je n’avais aucune envie de m’enfermer si tôt dans notre placard aménagé. J'ai alors proposé à maman de faire une ballade digestive et de descendre jusqu’à la place Sun Zhongshan.

DalianCentral

C’était une place toute ronde bordée de somptueux édifices de style européen construits par les colons Russes à la fin du 19ème siècle. C’était un lieu à la fois exotique et anachronique, un écrin de raffinement dans un univers froid. On pouvait ainsi y admirer une vieille poste et sa tour de l'horloge en briques rouges, l’architecture rococo d’un hôtel de luxe ou encore les façades à colonnades de la Banque de Chine. L’unique objet urbain qui nous ramenait de force à l’an 2000 était un écran géant accroché bien haut à la paroi de l’un des buildings attenants à la place et qui passait en boucle le journal télévisé de CCTV. Les véhicules circulaient autour d’un grand terre-plein central sur lequel on voyait des gens danser.

Piqués par la curiosité, nous avons emprunté l’un des passages souterrains qui menaient à cette vaste piste de danse exposée à un ciel déjà sombre et sans étoile. Sous les lumières puissantes de quatre énormes lampadaires, plusieurs centaines de personnes dansaient sur les mélodies douces amères de Deng Lijun, la diva taïwanaise de la variété asiatique : « Pourquoi te promènes-tu toute seule sur la plage, dis-moi, n’as-tu donc pas peur des vagues soulevées par le vent ? Mais ce ne sont pas des vagues que le vent soulève, ce sont les pans de ma jolie robe ! lalala... Même si le ciel s’obscurcit, je veux ressembler à ce goéland qui plane dans les airs, lalala... ». On dansait en couples, on dansait tout seul, on dansait à trois. Même si j’avais connu des musiques plus violentes dans ma vie, je ne pouvais résister plus longtemps. Mon bras gauche t'a soulevée sans effort et ton bras droit s’est enroulé autour de mon cou. Mon autre main est allée chercher celle de maman et nous sommes entrés dans la danse en suivant le même rythme que les centaines d’inconnus qui nous entouraient. C’était une lame de fond qui s’abattait sur nous, qui nous happait, qui nous entraînait vers le large. On était perdu et ravi de l’être. Ce soir-là, personne n’aurait pu aller à contre-courant de ce tourbillon chinois trop à l'étroit dans sa boîte à musique.

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  • Ce blog est destiné à faire connaître ma recherche aussi bien sur l'amour de l'inconnu/e que sur le métissage qui en est le fruit savoureux. Je vous propose donc des extraits du roman que j'écris, mais aussi des poèmes et des idées qui me tiennent à coeur.
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