Aussi désolé que le monde
Ce poème avait déjà été publié sur ce blog le 21 janvier 2013. Aujourd'hui, il est malheureusement au coeur de l'actualité, voilà pourquoi j'ai décidé de le republier. Trouvons ensemble la voie vers un monde meilleur ! JL.
désolé
désolé ma fille de t’avoir emmenée
de t’avoir embarquée sur ce rafiot pourri
de t’avoir condamnée à nourrir les poissons
j’avais pourtant rêvé de te montrer les prés d’Europe
les prés si loin, les prés si beaux, les prés si verts
j’avais pourtant rêvé de te voir à loisir dans leurs parcs
je t’imaginais cachée dans les sous-bois
et moi te retrouvant par la blancheur de ton sourire
je m’imaginais couché au creux des foins
et toi me relevant par la chaleur de tes menottes
je t’imaginais grandir discrètement
et moi te redressant tel un tuteur de fleur fragile
je t’imaginais trouver un bon mari
et toi me regardant vieillir
et moi t’épanouir
j’avais rêvé de t’offrir la vie
la vie telle qu’elle devrait être
désolé
désolé ma fille de t’avoir emmenée
de t’avoir embarquée sur ce rafiot pourri
de t’avoir condamnée à nourrir les poissons
n’aie pas peur ce n’est rien
rien qu’un très mauvais rêve
n’aie pas peur je suis là
là où la mort s’achève
n’aie pas peur tout à l’heure
l’heure ne comptera plus
prends ma main et sautons
sautons dans le grand bleu
aujourd’hui
le monde
sombre... et n’en sait rien
Commentaire de l'auteur : Une pensée aux milliers d'êtres humains qui se noient à nos portes en fuyant la misère.L.