Ce temps-là
en gravissant le marche-pied, le train part, se désunit du quai
vers un rapide instant de vie, nous allons, unis et déchirés
dans ton regard je vois des paysages où s’embrasent des horizons
je me sens complet, sans raison, sans folie, d’être seul avec toi
où que tu sois
où que je sois
rythmée par le roulis, la mélodie du temps - notre chant de mort
illumine les larmes, eaux de nos corps que nous avons mêlées
témoin de ton voyage, je le serai, même alors que tout s’efface
là où ton visage se fondra entre les lacs et les forêts
où que tu sois
où que je sois
ni ici ni ailleurs, nous n’irons nulle part, nous serons partout
nos corps, chariots de chair fragiles, seront graines du présent nouveau
sur les écorces, sur les cailloux, le sable des plages, à tout jamais
sera gravée notre jeunesse, ce temps-là qui nous appartenait
ces heures traversées, trésor mis en commun que nous avons étreint
où que tu sois
où que je sois