Paysage
Entre une forêt de mélèzes cendreux
et un sous-bois de broussailles indomptées
s’étend un pays vallonné et creusé de sillons
de plus en plus profonds
de plus en plus féconds ;
au pied d’un tertre oblong s’élevant vers le Sud
deux lacs aux eaux fiévreuses et reflétant le feu
débordent quelques fois sur la grève érodée
abreuvant des roseaux qui sèchent sous le vent ;
aux points horizontaux deux dépressions s’inscrivent
souples coquilles d’escargot renversées
au cœur desquelles battent de fines peaux tendues ;
et puis en son mitan
au bout du tertre moulé de glaise rouge et nue
surplombant deux cavernes aux bouches ovoïdes
le pic terreux s’effondre en falaise plongeante
qu’abrasent souffles chauds, vifs et vaporeux ;
s’ouvre enfin un gouffre aux alentours ronceux
d’où jaillissent, furieux, des geysers syllabiques
et donnent sa senteur au reste du relief
C’est un paysage
C’est mon paysage
mon visage
image
d’un pays vacillant