Le nez dans les roues
Jeune, je n’avais qu’une envie :
élargir ma vision sur le monde des Hommes,
comprendre ses rouages, saisir sa mécanique
qui tourne sans arrêt sans arrêt sans arrêt…
à l’essence du mal, au gaz de la bêtise
Jeune,
c’était mon ambition de chevaucher la bête,
d’avoir les rennes en main et de lui dire : « Hue ! »
je l’aurais tapoté,
son cou aurait fléchi réfléchi réfléchi…
pour brouter la bonne herbe, sentir la terre humide
Vieux, j’ai compris aujourd’hui
que ce rêve est perdu
et que l’homme est un loup qui suit l’odeur du sang
plus je sais plus j’ai mal, alors autant crevé tant crevé tant crevé…
en oubliant ma vie qui n’est qu’une survie
Vieux, je ne sais plus que faire :
une ombre dans le dos me reluque sans bruit
Ne te retourne pas ! La main sur le guidon !
Fais rouler ton vélo ton vélo ton vélo…
le regard sur les pieds et le nez dans les roues !