Souvenirs du pays natal...
On est toujours content d’être né à Narbonne ; on est non moins content d’y vivre loin.
Dans cette ville méridionale dont on a vite fait le tour (même à pied), les sages maisons aux tuiles rouges, les silencieuses rangées de platanes et l’impassible canal de la Robine aux eaux troubles se reposent, alanguis, à l’ombre de St Just, la monumentale cathédrale inachevée.
Ici, on aime bien son petit confort. A la moindre averse un peu violente, c’est « taillo, tous aux abris ! » et il n’y a plus qu’à regarder par la fenêtre - les volets mis en clef - les hypothétiques corps emportés par les flots déchaînés.
Ici, on passe au minimum sa jeunesse au troquet, en rêvant à la villa que l’on se fera construire sur un crédit de 30 ans.
Ici, on passe sa vieillesse à regarder les malheurs des autres au JT et à se dire que « décidément, on a pas de chance ».
Enfin, mis à part les dimanches où les rugbymen se montent dessus avec allégresse, il n’y a guère que les Arabes, les Turcs ou bien encore les Gitans pour mettre l’ambiance les autres jours de la semaine.
En résumé, il ne fallait pas trop compter sur moi pour passer ma vie dans ce « carrefour méditerranéen » aux allures d’impasse.